Article publié par Fleur GORRE, le 26/02/2018 sur le site de la Fondation Sciences Citoyennes.
Comme chacun le sait, l’entrée en vigueur de la loi sur l’extension de l’obligation vaccinale porte désormais de trois à onze le nombre de vaccins pédiatriques obligatoires[1]. A partir du 1er juin 2018, en cas de refus, les parents pourront voir refuser l’accès aux crèches et aux écoles à leurs enfants. Le décret paru le 25 janvier dernier venant préciser les modalités de mise en œuvre de cette loi concernant notamment l’entrée ou le maintien des enfants en collectivités replace la question de la vaccination en France au devant de la scène.
Alors que la ministre de la Santé déclarait en septembre 2017 que « l’objectif de cette mesure n’est pas de sanctionner mais de rendre la confiance dans les vaccins », imposer une décision par voie législative en l’accompagnant de dispositions coercitives sonne pourtant comme un aveu d’échec. La défiance à l’encontre de la vaccination ne cesse de croître et des interrogations légitimes traversent la société française. La nécessité d’une couverture vaccinale aussi large dès la naissance, les moyens pour l’atteindre (la contrainte plutôt que la pédagogie), le manque de transparence dans l’évaluation des effets secondaires, les effets des adjuvants aluminiques, la suspicion autour d’une décision qui servirait l’intérêt des laboratoires plutôt que l’intérêt général, sont autant de questions dont il aurait fallu débattre. Comme tous les sujets à controverse, celui-là n’échappe pas à la revendication d’études sérieuses favorisant une position ou l’autre. Cette absence de savoirs scientifiques vérifiés présente un point de controverse en soi. Rappelons qu’une proposition de résolution tendant à la création d’une commission d’enquête sur la politique vaccinale en France a été soumise au Sénat le 7 novembre dernier.
Loin de rejeter la nécessité de la prémunition vaccinale, Sciences Citoyennes déplore une fois de plus l’absence totale de processus démocratique impliquant les citoyen.ne.s dans cette prise de décision. L’organisation d’une parodie de concertation citoyenne sur la vaccination en 2016, dont certains membres du comité d’orientation avaient des liens avérés avec des laboratoires commercialisant ou développant des vaccins, met en évidence la responsabilité de la classe politique dans la crise de confiance actuelle. L’absence de volonté et de courage politique pour instaurer un véritable débat démocratique avec les citoyen.ne.s ouvre la voie à une suspicion à l’encontre des vaccins dans leur ensemble. Comment croire que l’intérêt général oriente les choix politiques dans une société où la démocratie sanitaire est inexistante et les interrogations des citoyen.ne.s ignorées ?
Face à toutes controverses scientifiques, en particulier s’agissant de sujets de santé publique, Sciences Citoyennes défend la mise en place de « Conventions de Citoyens » (CdC). Cette procédure permet à des citoyen.ne.s tirés au sort de recevoir une formation contradictoire, de débattre, de se positionner et de statuer pour le bien commun sous la forme d’un avis soumis aux parlementaires. Il ne fait aucun doute que les citoyen.ne.s sont capables de mettre en balance les libertés individuelles avec les bénéfices et les risques encourus par la société dans son ensemble. Ce mécanisme présente le double avantage de débattre en toute transparence et de restaurer une confiance entre les citoyen.ne.s et les institutions politiques et scientifiques mises à mal par de trop nombreux scandales sanitaires et conflits d’intérêts (affaire du sang contaminé, amiante, Mediator ou encore la campagne vaccinale contre la grippe H1N1).
Sciences Citoyennes organisera, le mercredi 21 mars un apéritif débat sur la mise en démocratie des décisions en matière d’obligation vaccinale. Cette soirée se déroulera notamment en présence de Jacques Testart, Directeur de recherches honoraire à l’Inserm, président d’honneur de Sciences Citoyennes, dans les locaux de la Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme, à Paris. L’entrée est libre et gratuite, mais le nombre de places étant limité, l’inscription est obligatoire. Vous pouvez dès à présent vous enregistrer en ligne au lien suivant : inscriptions.
Pour plus d’informations sur l’évènement, suivez le lien suivant : Apéro-débat – L’obligation vaccinale à l’épreuve de la démocratie.
[1] Aux vaccins contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (DTP) viennent s’ajouter ceux contre la coqueluche, la rougeole-oreillons-rubéole (ROR), l’hépatite B, la bactérie Haemophilus influenzae, le pneumocoque et le méningocoque C.